Matthew Thimgan, un an déjà !

Publié le : 15.07.2024

Matthew Thimgan, un an déjà !

Professeur à l’université de science et de technologie du Missouri et spécialiste de l’étude du sommeil à la fois chez le modèle drosophile et chez l’homme, Matthew Thimgan était lauréat de la Chaire CIC Cerveau et santé mentale en 2023. Il est venu collaborer avec l'équipe Waking du CRNL pendant six mois à Lyon, avec le soutien financier de la Fondation Neurodis. Il souhaitait notamment partager ses modèles mathématiques uniques et les tester avec les données recueillies par le laboratoire lyonnais. Déjà un an que sa mobilité a pris fin et à cette occasion, il nous raconte son aventure scientifique et humaine dans la capitale des Gaules !

Pouvez-vous décrire le travail qui a été réalisé à Lyon avec l'équipe Waking ?

Le premier projet visait à utiliser la drosophile pour déterminer les changements moléculaires au sein de la cellule qui contribuent à la dégradation de la fonction cellulaire. Nous avons développé un modèle mathématique qui associe les caractéristiques du sommeil et de l’éveil à l’âge biologique des mouches. Dans l’équipe WAKING du CRNL, le Dr Laurent Seugnet possède une expertise dans une lignée particulière de mouches capables de détecter les métabolites indiquant un stress cellulaire et des dommages entraînant des conséquences telles que des maladies (ex :  la dépression). le Dr Seugnet m’a formé à la mise en œuvre de la technique de détection du stress cellulaire. À partir des travaux menés au CRNL, nous avons révisé notre hypothèse sur la manière dont le sommeil pourrait interagir avec le stress cellulaire. Nous continuons à poursuivre ces hypothèses grâce à un appareil nouvellement acquis par mon université (Missouri S&T) qui peut analyser et identifier les métabolites en relation avec l’anatomie.

 

À partir des travaux menés au CRNL, nous avons révisé notre hypothèse sur la manière dont le sommeil pourrait interagir avec le stress cellulaire.

Le second projet consistait à appliquer un algorithme que nous avons développé pour convertir le mouvement détecté avec un dispositif porté au poignet en sommeil, ou en éveil humain. Cet algorithme constitue une approche nouvelle et pourrait enrichir nos évaluations du sommeil dans des conditions réelles ou pathologiques. Nous avons collaboré avec les Drs. Claude Gronfier, Patricia Franco et Laurent Seugnet du laboratoire WAKING pour acquérir des données permettant de valider et optimiser cette approche.  Nous cherchons aussi à développer des biomarqueurs de la somnolence, capables d’identifier quels changements cognitifs elle entraine, tels qu’une augmentation des sentiments dépressifs et des risques de maladies chroniques. Un groupe de travail solide a donc été constitué pour une collaboration à long terme entre notre laboratoire et celui du groupe WAKING au CRNL. L’infrastructure en France est déjà en place pour acquérir les données, et notre laboratoire dispose d’outils pour les évaluer.

Quelle a été la journée qui vous a le plus marqué (une conférence, une réunion avec des collègues, etc) ?

Le jour qui m’a le plus marqué est celui où je donnais une conférence sur notre recherche clinique et notamment le moment de questions et réponses, au sujet d’une technologie de détection de mouvement standard actuellement utilisée. J’ai pu faire savoir à ce groupe que cette technologie allait être abandonnée et je leur ai présenté des technologies qui pourraient la remplacer. Etant donné l’apport de ces interactions à mon développement professionnel, j’ai apprécié contribuer à mon tour aux connaissances des membres du CRNL et de WAKING en particulier.

Quel est l'impact du séjour sur la suite de votre collaboration (publication, renforcement des liens, accueil des étudiants, etc. ?)

L’impact du séjour a facilité l’échange d’idées, le renforcement des liens et la collecte de données qui donneront lieu à une publication scientifique. Dans le cadre du projet drosophile, le Dr Seugnet et moi avons chacun apporté des compétences spécifiques à un projet qui peut aider à découvrir les changements moléculaires et métaboliques à l’origine d’un éveil prolongé et comment potentiellement contrer ces changements.

Nous avons discuté de nouvelles approches permises par un appareil nouvellement acquis par mon université et capable d’évaluer la distribution spatiale des métabolites. Notre laboratoire se concentre sur les cellules périphériques en raison de leur lien avec les maladies chroniques, mais le Dr Seugnet se concentre sur le cerveau et les cellules gliales. Nous continuons à avoir des réunions régulières pour discuter des progrès obtenus et planifier une collaboration internationale.

Le Dr Seugnet et moi avons chacun apporté des compétences spécifiques à un projet qui peut aider à découvrir les changements moléculaires et métaboliques à l'origine d'un éveil prolongé et comment potentiellement contrer ces changements.

Nous avons aussi pu collecter des données auprès de sujets humains permettant d’associer des données de mouvement à l’activité cérébrale et à l’éveil-sommeil. Ces données sont essentielles à la validation de l’algorithme et nous les analysons activement. De plus, le Dr Seugnet et moi avons travaillé sur un article à partir des données que nous avons collectées sur les biomarqueurs de la somnolence provenant de la salive. J’espère en terminer la rédaction cet été.

En tant que touriste, quelles sont vos impressions de la ville de Lyon ?

J’ai deux souvenirs qui me sont restés et que je raconte aux gens qui me questionnent sur mon expérience à Lyon. La ville est conçue différemment des villes américaines et permet d’imaginer la façon dont elle a aidé une population à se développer et à prospérer. La disposition, l’histoire et l’énergie étaient exaltantes. J’ai hâte de revenir le plus tôt possible. Je garde d’abord en mémoire ma visite de la cathédrale Saint Jean Baptiste, où se trouve une plaque marquant le mariage de Marie de Médicis avec le roi Henri IV. Non seulement c’est dans le magnifique cadre du Vieux Lyon et à l’ombre de Fourvière et de son théâtre antique, mais c’est aussi un rappel de l’histoire et de l’art extraordinaires de la ville.

Je me suis senti intégré à la culture lyonnaise...

Le deuxième souvenir est lié à la gastronomie lyonnaise. Lors d’une de mes promenades en ville, je me suis arrêté dans un bouchon et, sur les conseils de mes collègues lyonnais, j’ai goûté l’andouillette. Je dois avouer que je n’ai pas été fan. Un peu plus tard, j’ai participé à un débat amusant sur ce plat avec des collègues lyonnais et américains. Trois Français l’ont commandé tandis que les trois autres ont rejeté l’idée avec véhémence. À ce moment-là, je me suis senti intégré à la culture lyonnaise, ayant découvert quelque chose de très typique.

J’ai également apprécié les manifestations sociales qui ont eu lieu pendant cette période, car elles me semblaient une forme de protestation très française. Elles représentaient également une prise de position en faveur des travailleurs du pays, ce que j’apprécie car nous n’avons pas souvent ce type de revendications de la part des travailleurs aux États-Unis.

Un mot ou une phrase pour résumer le séjour ?

Transformation ! Cette expérience a modifié l’orientation de mon programme de recherche, établi des liens forts avec le groupe scientifique lyonnais, et changé la façon dont ma famille voit le monde.

Merci au Pr Thimgan, qui a livré un récit sincère et authentique sur sa mobilité scientifique !

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