Appel à projets 2022
En quoi consiste l'appel à projets ?
En novembre 2021, la Fondation Neurodis avait lancé un appel à projets en neurosciences concernant la recherche clinique dans toute la région Auvergne-Rhône-Alpes. Cet appel à projets proposait deux financements de 50 000 € sur deux thématiques : la maladie de Parkinson, ou la recherche clinique en neurologie ou psychiatrie (excluant tout lien avec les maladies neurodégénératives et la maladie de Parkinson).
Quinze projets ont été envoyés à la Fondation Neurodis, provenant alors de Lyon, Saint-Etienne, Grenoble et Clermont-Ferrand.
Le choix de la thématique maladie de Parkinson repose sur le grand nombre de dons reçus sur cette pathologie de la part de particuliers, et d’associations telles de Savoie Parkinson et le Groupement des Parkinsoniens de l’Ain. Le Comité Exécutif de Neurodis composé de seize chercheurs et cliniciens de la Région, a décidé d’utiliser les dons adressés à la Fondation pour proposer un second financement de 50K€ sans choisir de thème, ainsi d’être accessible à toutes les unités de recherche.
24 experts répartis dans toute la France ont accepté de noter ces projets selon leur faisabilité, leur impact et retombées, et selon leur qualité scientifique.
L'appel à projets 2022... en quelques chiffres !
Découvrez en détails les projets de nos lauréats 2022
Effets de la rééducation intensive sur la neuroplasticité chez des patients atteints de la maladie de Parkinson
Avec l’âge et la survenue de maladie neurodégénérative comme la maladie de Parkinson (MP), les troubles cognitifs et moteurs peuvent apparaitre et avoir des répercussions sur les activités de la vie quotidienne. Les troubles de la marche, et par conséquent le risque de chute ont des conséquences sévères sur la santé entrainant une perte d’autonomie et une diminution de la qualité de vie de ces personnes. Les patients souffrant de cette maladie peuvent présenter une suractivation corticale préfrontale plus importante par rapport aux personnes âgées, contrôles, sans pour autant manifester des troubles de la marche lors d’une tâche de marche simple. Cela s’explique par un besoin plus important de ressources exécutives lié à une perte d’automaticité de la marche. Cela suggère aussi que des modifications neurophysiologiques peuvent apparaître avant même que la marche soit altérée.
Grâce à des programmes de réadaptation (cognitif et/ou moteur), il est possible d’améliorer la marche de manière générale et de modifier l’activité hémodynamique au niveau de plusieurs régions cérébrales. Une récente étude a montré qu’après un programme de rééducation intensif (programme Sirocco), l’activité préfrontale pendant la marche simple diminuait chez des patients parkinsoniens, témoignant d’une diminution de la demande en ressources exécutives et donc d’un gain dans l’automaticité de l’exécution de la marche.
Toutefois, aucune étude a étudié les effets d’une rééducation intensive sur les mécanismes de neuroplasticité cérébrale pendant la marche chez des patients parkinsoniens.
L’étude du Docteur Danaila présente deux objectifs :
Le premier est de confirmer les effets de l’étude pilote à savoir l’effet rééducation intensive sur les changements au niveau de l’activité corticale dans plusieurs régions corticales (préfrontale) mais aussi en pariétal et occipital, chez trente patients parkinsoniens fluctuants.
Le second objectif est de comparer les modifications de l’activité corticale, mesurée à partir de la fNIRS avec les données d’imagerie conventionnelle (IRM-PET). Soixante patients parkinsoniens fluctuants seront inclus et répartis en 2 groupes : le groupe expérimental qui comprendra 30 patients participant au programme Sirocco et le groupe contrôle qui comprendra 30 patients bénéficiant d’une rééducation ambulatoire classique. Tous les participants réaliseront avant et après le programme, un bilan psychologique et neuropsychologique ainsi qu’une évaluation motrice. Une étude de la marche en simple et double tâche sera également réalisée avant et après la rééducation. Pendant les tâches marche, les participants seront équipés d’une spectroscopie proche infrarouge fonctionnelle (fNIRS) pour mesurer l’activité corticale au niveau des régions préfrontale dorsolatérale, pariétale et occipitale. Des capteurs positionnés sur les pieds permettront d’enregistrer les paramètres de marche. Tous les participants réaliseront enfin une tâche imagée de marche (proche de la tâche étudiee par la fNIRS) à l’aide de l’imagerie cérébrale (PET-IRM) pour mesurer les mécanismes de connectivité et le métabolisme cérébral, avant et après la rééducation.
Améliorer la récupération des déficits sensoriels post-AVC : Mécanismes de plasticité et réadaptation
Les AVC touchent une personne toutes les 4 minutes en France et sont la première cause de handicap acquis. Suite à un AVC, plus de la moitié des patients présentent des déficits somatosensoriels, principalement aux membres supérieurs, qu’il est capital de traiter puisqu’ils réduisent la qualité de vie et freinent la réhabilitation motrice. S’il est possible d’améliorer la perception tactile, la plupart des approches nécessitent un entraînement intensif et prolongé et sont de ce fait incompatibles avec l’offre de soin de notre système de santé. Une exception notable est la stimulation somatosensorielle répétée (SSR), qui après quelques heures de stimulation mécanique passive, sans effort attentionnel ou physique, améliore l’acuité tactile d’adultes sains et de patients. Si un consensus existe autour de la notion que ces effets passent par l’induction d’une plasticité cérébrale somatosensorielle, les mécanismes physiologiques responsables de cette plasticité sont encore peu compris.
Le docteur Farnè propose un projet en deux axes :
Le premier axe cherche à déterminer les mécanismes physiologiques responsables des effets de la SSR, et notamment si la modulation des connections inhibitrices entre les représentations cérébrales des doigts, soupçonnée d’être exercée par l’application de la SSR, est responsable de cette forme de plasticité somatosensorielle résultant en une amélioration de la perception tactile à la fois locale (sur la main stimulée) et à distance (sur la main non stimulée). Mieux connaitre ces mécanismes permettrait d’optimiser les bénéfices obtenus via la SSR et promouvoir son application clinique.
Le deuxième axe vise précisément à fournir la preuve que les patients victimes d’un AVC, pour lesquels il n’existe pas ou peu de thérapies pour la réhabilitation des déficits somatosensoriels, peuvent bénéficier de cette forme de plasticité d’une main à l’autre : en traitant la main épargnée, dont le système est intact, pour améliorer la perception tactile (et de surcroit la récupération motrice) de la main affectée. En validant cette approche dans une population chronique de patients victimes d’un AVC, ce projet permettra de valider une nouvelle application clinique pour le traitement des déficits sensorimoteurs.